Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/212

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les degrés, une existence dans le domaire des sons.

Avant Wagner, la musique se mouvait dans des limites généralement étroites. Elle s’appliquait à des états V permanents de lihomme, à ce que les Grecs appelaient - éthos ; ce n’est qu’nvec Beethoven qu’elle avait commencé à essayer le langage du pathos, c’est-à¥dire, de la vdlouté passionnée, des phénomènes dramatiques qui se succèdent dans le cœur de l”homme.lPrécédemment, ciétait un état d’âme, iune disposition particulière, soit au calme, soit à la gaîté, soit au recueillement, -soit au repentir qui devaient, être exprimés par les sons ; à Vaide d’un certain accord dans la forme et de la durée de cet accord, on voulait frapper l’auditeur, le contraindre à interpréter la signification de cette musique, et enfin le placer dans un état. d’àme semblable. Pour représenter toutes ces dispositions et ; ces états d’âme, certaines formes par-H t.je«ulières étaient nécessaires ; d’autres furent i-introduites - par la convention. Quant àp la longueurldes composi-, r., . tions, elle fut fixée par la prudence du musicien, qui voulait bien faire naître certains sentiments chez son auditeur, mais non le fatiguer par la durée prolongéelde cette ’p sensation. On fit un pas de plus lorsqu’on esquissa successivement les images de sentiments opposés et qu’on découvrit le charme des contrastes ; ouiit un autre pas en avant en réunissant dans le même morceau le contraire de l’éthos, opposant, par exemple, l’un à l’autre un thème masculin et un thème féminin. Mais ce ne sont là ·que des stades encore grossiers et primitifs de la p musique. La peur de la passion dictait uneppartie de cvs règles, la peur de l’ennui faisait naître les autres. Toute ’réciterche dans le sentiment, tous les excès étaient consi-