Hegel agissait peut-être surtout à l’étranger par son art de
parler des choses les plus raisonnables et les plus froides à
la façon d’un homme ivre. Dans le vaste royaume de la contemplation,
ce fut là une des manières les plus étranges qui
aient jamais été inventées ; on peut la considérer comme l’affaire
propre de la généralité allemande. Car, partout où ont pénétré
les Allemands et les « vertus » allemandes, nous avons
apporté aussi le goût des alcools subtils et grossiers. Peut-être
faut-il trouver, là aussi, la cause de la puissance fascinatrice
de notre musique allemande.
18.
Le style de Wagner a contaminé aussi ses disciples.
La langue allemande des wagnériens est l’absurdité la plus fleurie que l’on ait écrite depuis l’époque de Schelling. Wagner, en tant que styliste, appartient encore à cette école contre laquelle Schopenhauer a déversé sa colère, et l’humour arrive à son comble quand, « sauveur de la langue allemande », il s’élève contre les Juifs. — Pour caractériser le goût de ces jeunes gens, je prends la liberté de donner un seul exemple. Le roi de Bavière disait un jour à Wagner : « Donc, vous n’aimez pas non plus les femmes ? — Elles sont si ennuyeuses ! » Nohl (l’auteur d’une Vie de Wagner traduite en six langues) trouve dans cette opinion l’expression d’un « juvénile embarras ».
19.
F.-A. Lange écrit : « La compréhensibilité des choses se trouve-t-elle peut-être en ceci que l’on ne fait de son intelligence qu’un emploi médiocre ? » (Contre les gens de Bayreuth.)
20.
Si l’on enlève de la musique la musique dramatique il reste encore assez de choses pour la bonne musique.