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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

hommes écoutent à peine lorsque l’on y fait allusion, et se figurent qu’il s’agit d’ennui et de médiocrité : on exceptera peut-être encore ceux qui ont perçu un murmure avertisseur venant de ce royaume, mais qui se sont bouché les oreilles pour ne pas l’entendre. Le souvenir de cela les fâche et les irrite.

231.

Humanité dans l’amitié et dans la maîtrise. — « Si tu choisis la gauche, je prendrai la droite ; et si tu prends la droite, je m’en irai à la gauche[1]. » — Un sentiment pareil est le signe supérieur de l’humanité dans les rapports intimes ; là où il n’existe pas, toute espèce d’amitié, toute vénération de disciple et d’élève finissent par devenir hypocrisie,

232.

Les profondeurs. — Les hommes aux pensées profondes, dans leurs rapports avec les autres hommes, ont toujours l’impression d’être des comédiens, parce qu’ils sont forcés, pour être compris, de simuler une superficie.

233.

Pour ceux qui méprisent « l’humanité de troupeau ». — Celui qui considère l’humanité comme un troupeau et qui s’enfuit devant elle, aussi vite qu’il peut, sera certainement rejoint par ce troupeau qui lui donnera des coups de cornes.

  1. Genèse, XIII, 9.—N. d. T.