Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

prend seulement combien peu d’importance ont les adhérents lorsque l’on a cessé d’être l’adhérent de ses adhérents.



368.

S’obscurcir. — Il faut savoir s’obscurcir, pour se débarrasser des nuées de mouches d’admirateurs trop importuns.

369.

Ennui. — Il y a un ennui des esprits les plus subtils et les plus cultivés pour qui ce que la terre produit de meilleur est devenu sans saveur : habitués comme ils le sont à absorber une nourriture choisie et toujours plus choisie, et à se dégoûter d’une nourriture grossière, ils risquent de mourir de faim, — car les choses parfaites sont en très petit nombre et il leur arrive d’être inaccessibles ou dures comme de la pierre, de sorte que de très bonnes dents ne peuvent plus les mordre.

370.

Le danger dans l’admiration. — L’admiration d’une qualité ou d’un art peut être si violente qu’elle nous empêche d’aspirer à la possession de ceux-ci.

371.

Ce que l’on demande à l’art. — L’un veut se réjouir de sa nature au moyen de l’art, l’autre veut, avec son aide, s’oublier momentanément et s’élever