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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



339.

Affabilité du sage. — Le sage sera involontairement affable avec les autres hommes, comme ferait un prince, et, malgré toutes les différences de dons, de conditions et de manières, il lui arrivera de les traiter comme des égaux : ce qu’on lui reproche amèrement dès qu’on s’en aperçoit.

340.

Or. — Tout ce qui est or ne brille pas. Le rayonnement doux est le propre du métal le plus précieux.

341.

Roue et frein. — La roue et le frein ont des devoirs différents, mais ils en ont aussi un semblable : celui de se faire mal.

342.

Dérangements du penseur. — Tout ce qui l’interrompt dans ses réflexions (le dérange, comme on dit), le penseur doit le regarder paisiblement comme un nouveau modèle qui entre par la porte pour s’offrir à l’artiste. Les interruptions sont les corbeaux qui apportent sa nourriture au solitaire.

343.

Avoir beaucoup d’esprit. — Avoir beaucoup d’esprit conserve jeune : mais il faut supporter avec cela de passer pour plus vieux qu’on est. Car les hommes lisent les traits d’esprit comme si