Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/250

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bon soldat... Savoir commander, et aussi savoir obéir fièrement; être posté à sa place, dans son rang, mais capable aussi, à tout moment, de conduire; préférer le danger aux aises; ne pas peser sur une balance d'épicier ce qui est permis et ce qui est défendu; être l'ennemi de ce qui est mesquin, rusé, parasitaire, plus que de ce qui est mal... Qu'apprend-on à une dure école ? Commander et obéir.

447.

Aux hommes qui me regardent en quelque chose, je souhaite la souffrance, l'abandon, la maladie, les mauvais traitements, l'avilissement, - je souhaite que le profond mépris de soi, les tortures de la méfiance à son propre égard, les misères du vaincu ne leur demeurent point inconnus: je ne les prends pas en pitié, parce que je leur souhaite la seule chose qui puisse montrer aujourd'hui si quelqu'un a de la valeur ou non, - à savoir: de tenir bon...

448.

J'aime les malheureux qui ont honte de leur malheur, qui ne déversent pas sur la rue leurs vases pleins de misère; qui gardent au fond de leur cœur et sur la langue assez de bon goût pour se dire: " Il faut garder en honneur sa misère, il faut la cacher... "