Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/27

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apprêté qui fait sur nous l'impression de la réalité. La " réalité " réside dans le retour continuel des choses pareilles, connues, semblables, dans le caractère logique de celle-ci, dans la croyance que nous pourrons ici calculer et déterminer.

3) L'opposé de ce monde des phénomènes n'est point le " monde-vérité ", mais le monde sans forme et informulable du chaos des sensations, - donc une autre espèce de monde des phénomènes, un monde qui, pour nous, n'est point " connaissable ".

4) Il faut répondre aux questions relatives aux " choses en soi ", abstraction faite de la réceptivité de nos sens et de l'activité de notre raison, par une autre question: comment pouvons-nous savoir qu'il y a des choses ? C'est nous qui avons créé l'" existence des choses ". Il s'agit de savoir s'il ne pourrait pas exister encore beaucoup de façons de créer un pareil monde-apparence - et si cette façon de créer, de logiciser, d'apprêter, de falsifier n'est pas la réalité elle-même, la mieux garantie; bref, si ce qui assigne aux choses leur place n'est pas ce qui seul est réel, et si " l'effet que produit sur nous le monde extérieur " n'est pas le résultat de pareils sujets voulants... Les autres " êtres " agissent sur nous; notre monde apprêté des apparences est un ajustement, une victoire sur les actions de ceux-ci: une sorte de mesure défensive. Le sujet seul est démontrable: on peut émettre l'hypothè