Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/69

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pressif à tout prix, tel que le réclame l’Idéal wagnérien, l’idéal de décadence, fait mauvais ménage avec les dons naturels. Il n’y faut que de la Vertu, — c’est-à-dire du dressage, de l’automatisme, du « renoncement. » Ni goût, ni voix, ni talent : le théâtre de Wagner n’a besoin que d’une seule chose — des Germains !… Définition du Germain : obéissance et longues jambes… C’est un fait profondément significatif que l’avènement de Wagner coïncide dans la durée avec l’avènement de l’« Empire » : ces deux faits sont un symptôme égal d’obéissance et de longues jambes. — On n’a jamais mieux obéi, on n’a jamais mieux commandé. Les chefs d’orchestre wagnériens en particulier sont dignes d’un siècle que la postérité nommera un jour avec piété le siècle classique de la guerre. Wagner comprit l’art du commandement ; il en fut aussi le grand professeur. Il commanda, — incarnation d’un inexorable vouloir en soi, d’une perpétuelle discipline de soi : Wagner, le plus grand exemple peut-être de l’empire sur soi-même dans l’histoire de l’art ( — Alfieri lui-même, qui fut d’ailleurs son plus proche parent, est encore dépassé. Remarque d’un Turinois).