Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/72

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réfute pas une maladie —, mais avec des obstacles, de la défiance, de la mauvaise humeur, des nausées, une gravité sombre, comme s’il se cachait en lui un grand danger. Messieurs les Esthéticiens se sont mis à découvert, lorsque, du fond de trois écoles de la philosophie allemande, ils ont entamé une guerre absurde aux principes de Wagner avec des « si » et avec des « car » ; — qu’importaient à Wagner les principes, même les siens ! — Les Allemands eux-mêmes ont eu ici assez de bon sens instinctif pour s’interdire les si et les car. Un instinct s’affaiblit lorsqu’il se rationalise : car, par cela même qu’il se rationalise, il s’affaiblit. S’il y a des symptômes de ce fait que, malgré le caractère total de la décadence européenne, un degré de santé, un instinct barométrique du nuisible et des dangers menaçants subsiste encore dans l’esprit allemand, je voudrais voir déprécié parmi eux le moins possible cette sourde résistance à l’égard de Wagner. Elle nous fait honneur, elle nous permet même des espérances ; la France n’aurait plus autant de santé à dépenser. Les Allemands, les retardataires par excellence au cours de l’histoire,