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est capable d’apporter un atome d’espoir à la victoire qui viendra. Aucune dénonciation n’est inutile : tout est à dénoncer. Ayons cette patience des tâches humiliantes. Elles mériteront un juste oubli le jour où sera pris le pouvoir pour lequel se sera déroulée la lutte. Voici ce que dit le révolutionnaire :

« Aujourd’hui nous travaillons à la machine à écrire, mais nous devons savoir que demain, cette machine peut se changer en mitrailleuse. Aujourd’hui nous sommes les soldats de la plume, demain, ou après-demain, nous combattrons avec le fusil. Mais nous ne devons pas oublier qu’avant ce fusil, nous ne servirons bien la révolution que si, dès aujourd’hui, nous mettons franchement et catégoriquement au service du front révolutionnaire notre arme présente, la plume. »[1]

Marx enseigne ici le secret du courage : le ressort de la patience :

« Il est évident que l’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes. La force matérielle ne peut être abattue que par la force matérielle, mais la théorie se change elle aussi en force matérielle dès qu’elle pénètre les masses. »[2]

Contre la philosophie présente doit s’élever une nouvelle philosophie chargée de ces travaux modestes et certains. Une philosophie qui ne sera nouvelle que dans ce pays et dans ce temps, une philosophie qui a fait sa preuve. Il n’est pas question d’une invention, d’une création

  1. Bela Ilès, Rapport du Secrétariat du Bureau international de la Littérature Révolutionnaire. Kharkov, novembre 1930.
  2. Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel, tr. fr. 96.