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Note H

une pensée lâche.

« Philosophie d’abstentionnistes. Philosophie dont le but est de montrer les choses à tel point compliquées que nul ne puisse les imaginer modifiables et qui tâche d’accumuler autant de difficultés qu’il faudra pour ne rien résoudre. La réflexion n’est plus ce qui permet de juger, mais ce qui permet d’ajourner le jugement. Il s’agit d’abord devant un problème de trouver le biais grâce auquel on s’éloigne du centre vivant où ce problème comporte un oui ou un non. »

E. Berl, Mort de la Pensée Bourgeoise, pp. 36-37.


Note I

une bataille d’esprits.

« Cet examen de conscience de l’Université a été poussé plus à fond. Et pour cet approfondissement, l’analyse a été secondée par l’action qui souvent nous révèle à nous-mêmes. Jamais l’Université n’avait aussi exactement défini pour elle-même les traditions et les principes qu’elle représente. Elle avait enseigné la philosophie sans se douter qu’elle avait une philosophie à elle. Toutes les idées françaises se sont rangées en bataille… Tandis que selon la profonde remarque de Renouvier le culte de la force et du destin est le vice capital de la pensée et de la civilisation germanique, le culte de la liberté est l’aboutissement de la pensée française de tous les temps et le centre autour duquel gravitent toutes nos dévotions intellectuelles ; il donne chez nous au culte même de la patrie qu’il complète, comme un horizon plus large et un prestige d’universalité… Il s’agit pour nous d’une croisade philosophique. Le mot a été imprimé pour la première fois je crois par M. Boutroux. Mais la pensée a été souvent exprimée. Plus consciente pour l’élite intellectuelle, elle a pénétré les âmes de tous les combattants… »

R. Thamin, L’Université et la Guerre, pp. 160-162.

Et à lire le récent Bulletin des Armées, nous avons reconnu avec un soulagement délicieux que présentement, là où est l’autorité suprême, là aussi se trouve la parfaite lucidité et qu’ainsi tout est en place : c’est le bon sens français qui nous commande.

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