Page:Nizan - Les Chiens de garde (1932).pdf/33

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Elles auraient des titres véritablement solides. M. Meyerson, sans doute, répondrait-il de même. On ne saurait accuser M. Rey et M. Meyerson de trahir le service de la Philosophie parce qu’ils sont contents de labourer leur champ. Les pensées qu’ils forment, leur genre d’activité sont après tout exclusivement techniques et on ne saurait les peser que techniquement, trouvant qu’ils font leur métier mal ou bien. De la même façon qu’on peut dire d’un ingénieur qu’il fait son métier mal ou bien. Il se peut, il est probable que M. Rey fasse mal son métier de philosophe des sciences : Lénine trouvait que M. Rey n’était pas bon ingénieur.[1] Mais ce n’est point cette question qui doit être d’abord résolue. Sa solution, sa position regardent les savants : M. Perrin, M. Langevin, M. Urbain, M. Painlevé ont leur mot à dire. Il leur est permis de rire en pensant à la figure que fait la science chez M. Brunschvicg. Je ne me sens point engagé à partager cette gaieté.

Impossible de demander des comptes à M. Meyerson au nom de la Philosophie humaine : la qualité, la portée de ses écrits sont affaires à régler entre les savants et lui. M. Meyerson n’a pas établi au début de la Déduction Relativiste, au début d’Identité et Réalité que son objet final allait être la destinée humaine. On ne saurait donc l’attaquer sur un dédoublement qui serait une trahison, car son dédoublement, s’il existe, n’est pas contradictoire. Pas plus que le dédoublement d’un chimiste en chimiste et en chrétien n’est opposé à l’essence de la chimie. Les comptes qu’on est en droit de demander à ce chimiste et à M. Meyerson ne leur sont pas proprement réservés. Ils sont confondus avec les comptes

  1. Matérialisme et Empiriocriticisme.