Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/73

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faisais inscrire, sur la tombe de mon père, le mot de l’Évangile :

Non est hic. (Il n’est pas là.)

Pour moi, j’ai demandé dans mon testament — et j’espère qu’il en sera tenu compte — qu’aucune pierre ni monument d’aucun genre ne soit mis sur ma fosse, et qu’absolument rien n’en indique la place.

Je ne serai pas là.

La nature nous a préparé à tous un meilleur asile. Elle nous ensevelit en elle-même, tombe et berceau de toute vie.

Quand ceux qui nous auront aimés trouveront en ce monde quelque chose de bon, ils seront dans la vérité s’ils se disent : Il y a peut-être là-dedans un peu de nos chers morts.

Qui n’aimerait à se répéter, en pensant à un ami disparu : « C’est quelque chose de lui qui, dans cette fleur, me sourit, qui me refait le sang en ce grain de blé, me délecte et enivre en ce beau fruit, me rend la santé dans cette bonne plante médicinale. »

La tombe, comme on l’entend, me semble une impiété ; la nature ne connaît pas la tombe, tout au plus y voit-elle un buffet à ses marguerites…