Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’ancien régime : il portait encore la queue, et cette queue était pour moi un véritable monument historique ; il avait trois filles, dont deux fort jolies : Rose et Caroline, couturières l’une et l’autre, et puis il y avait Paméla, petite Cendrillon volontaire que ses goûts retenaient à la cuisine avec sa mère.

Ces trois aimables et accortes personnes chantaient toute la journée et m’apprenaient leurs chansons :


Fleuve du Tage…


ou bien


Dans un beau château d’Andalousie…


et autres romances niaises.

C’était idiot ; mais les chanteuses, avec leurs seize et dix-huit ans, avaient tant de grâce, tant de gaîté et des voix si touchantes, que, ma foi, je trouvais le tout à mon gré, et qu’un grand garçon qui venait quelquefois était absolument de mon avis.

Il lui arrivait même de chanter avec ces demoiselles.

La mère Lecouvreur avait eu un premier mari appelé Chastel ; de ce premier mariage était né le poète Chastel, ami du jeune peintre Court, qui fut, vers ce temps-là, prix de Rome. Il avait été aussi l’ami de Pouchet.

Chastel lisait ses vers à mon père ; il avait pensé