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NOA NOA

païa ?

Vivo tahitien, chanson du vent sur les roseaux, vivo !

Telle, dans le navire du voyage, la chanson du vent sur les flots, vivo !

Telle, aussi claire, aussi obscure, la chanson du sauvage sur le chalumeau, vivo !

Tu interroges :

Païa ?

Je t’écoute sans répondre, accoudé à l’infini, le menton dans la main, les regards au large, réfléchissant dans mon âme le soleil déjà réfléchi par la mer — réfléchissant.

Et que te répondre ? Je suis triste, mais je sens les ailes de l’espérance s’épanouir en moi comme deux grandes fleurs. Tu m’inquiètes, mais tu me charmes. — Attends encore, chante encore…

Impatiences agitées parmi l’indolence de l’étendue, promesses d’escale en escale démenties, vous voilà qui fusez en réalité d’autres ivresses, d’autres que les rêvées, en joies inconnues. À fonds sourds d’amertumes, ou s’étonne et s’égare mon désir.