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Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/122

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Ce tout premier plaisir, celui par qui l’on vit,
Celui par qui l’on songe et pressent l’aventure,
Dont l’allègre vigueur, sitôt qu’on la ravit,
Abandonne à la mort la fière créature.

Beauté de l’air, c’est vous qui fîtes mes pensers.
Vous m’apportiez le monde, ô caresseur des astres !
Votre céleste souffle en tous lieux dépensé,
Amplifiait la joie et calmait les désastres.

Preste organisateur de toutes les saisons,
Ce que vous dédaignez se flétrit et s’efface,
Et je songe à ce jour, calme, dans ma maison,
Où ne recevant plus vos faveurs de l’espace,
J’aurai fermé mon corps, las des cieux et des sons,
Aux douleurs de l’effort comme de la raison.