Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/54

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— Alors ayant ouï ces choses, comme moi
Vous irez, pauvres gens, errant, cognant vos têtes
À l’azur, au feuillage, à l’air brûlant du mois,
À tout ce qui dans l’aube et dans la nuit halète.

Toujours désenchantés et toujours désirant,
Vous connaîtrez l’amère et rude alternative
De presser contre vous le jour indifférent
Ou d’essayer de fuir votre âme obscure et vive.

Et ce sera cela, cette angoisse, ces cris,
Ce malaise, ces peurs, jusqu’à ce que l’Automne
Vienne et vous dise avec sa bouche qui sourit :
C’est fini, ce qui vous fait mal et vous étonne.

Voici que c’est fini tout cela, tout est mort,
Le bois va s’effeuiller, le soleil est sans force,
Rentrez chez vous, je vais tant qu’il fait jour encor,
Dorer la poire froide au nœud des branches torses.