Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/119

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si la mère abbesse se doutait de ma vie actuelle, si elle me disait brusquement :

— Je sais que vous recevez un jeune homme la nuit, dans votre chambre.

Toute ma force bondirait, se tasserait en moi comme une bête qui va égratigner. Je haïrais la mère abbesse, je souhaiterais sa mort ; si je le pouvais, j’essayerais de la repousser jusque je ne sais dans quel coin obscur, perdu, de la maison. Je lui dirais peut-être :

— Et vous, est-ce que je sais, ma mère, à quoi vous pensez ?

Ah ! mon Dieu ! voilà où nous mènent nos crimes !

Pourtant, ma mère, je vous aime tant, j’aime tant vos mains qui n’ont pas d’ardeur, vos pieds qui touchent fortement