Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/158

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varient. Cela leur change le visage, l’âme ; ma sœur Jeanne est tantôt un page, tantôt une niçoise, tantôt un marin, tantôt une bergère. On ne la connaît jamais, et je regarde son vêtement avant de voir sa figure.

Ma mère et elle ont toujours l’air d’arriver au parloir le temps seulement de s’asseoir, de se reposer, de repartir ; je ne suis plus dans leur vie, elles ne sont plus dans la mienne. Nous jugeons nos costumes réciproques et nous ne les trouvons pas beaux, chacune est fière du sien. Ma sœur Jeanne est toujours distraite et pressée, mais quelquefois ma mère rit, et cela, alors, m’attendrit infiniment. Elle a été petite et jeune, j’ai été son enfant…