Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/67

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L’humilité lui tourne l’esprit. Ce matin je l’ai rencontrée, qui traversait le jardin avec, au bras, un panier plein de grains de maïs ; elle m’a dit :

— Ma sœur, vous pourriez vraiment aussi vous occuper quelquefois de nos poules.

Elle est folle ; pourquoi me parle-t-elle ainsi ? Elle est une pauvre religieuse que personne n’aime. Qu’est-ce qu’elle sait, elle ? Est-ce qu’un jeune homme vient la nuit pour la voir ? est-ce qu’on voudrait se sacrifier pour elle, est-ce qu’elle est jolie, elle ? est-ce qu’on l’embrasse ?…

Je me souviens que cette nuit Julien m’a appelée « Mon amour. »

Cela m’a fait peur.

Mais je rechercherai le livre où la sœur