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LES DÉLICES ORIENTALES


Ô palais calmes comme un vase,
Parois, plafonds coloriés,
Frais salons de parfums rayés,
Où l’âme crie et meurt d’extase…

– Jamais je ne supporterais
Cet accomplissement du rêve :
La nuit persane qui se lève
Sur les jets d’eaux et les cyprès,

Cependant que dans l’ombre aphone,
Les caravanes à pas lents
S’en vont sommeillant, ondulant,
Vers Hamadân, dans la nuit jaune,

Ni les matins dans les vergers
Où la sultane Zobéide
Entr’ouvrait sa bouche limpide
Et fumait sous des orangers…

Que repoussant du pied le monde,
J’aille au jardin d’ambre et de miel
Qui tente le cœur sensuel :
Un cimetière au bord de l’onde !

Ah ! dans ces parterres de fleurs,
Qu’il dorme au milieu des colombes,
Des lis, des fontaines, des tombes,
Mon cœur séduit par les douceurs ;