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L’ESPRIT PARFOIS RETOURNE…


— Assistantes des nuits, qui, dans les noirs herbages,
Egouttez votre chant d’un rauque et pur cristal,
Peut-être la rosée est-elle le sillage
Que laissent vos soupirs sur le sol matinal ?

Chanteuses sans éclat, qu’on méprise et qu’on blâme.
Vous qui patiemment, longuement protestez
Contre l’enchantement suspect des nuits d’été
Où toutes les beautés sont mortelles à l’âme,

Votre pauvre cantate emplissait mon esprit
Plus que le sublime œil des étoiles fringantes ;
Nous adressions ensemble à la nuit provocante
Vos reproches confus, mais que j’avais compris.

Vous égreniez en moi vos trébuchants rosaires,
Et, devant la splendeur des astres éloignés,
Je sentais s’accorder avec votre misère
Mon cœur, autant que vous par les cieux dédaigné…