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ÉCLOSION



Amère odeur des primevères,
Arôme inquiet, ingénu,
Posé sur le sol triste et nu
Du pauvre printemps qui s’avère,
Je sais votre effluve inconnu.
Votre odeur de froid et de terre.
Ce parfum timide, frileux,
Puisé dans l’abîme argileux
Où tout commence, où tout s’achève…
— Et voici qu’un subit oiseau
Jette une note étrange et brève.
L’espace est encor baigné d’eau.
Le ciel est gris. Pourtant le rêve
Que rapporte chaque printemps
Vient de naître en ce simple instant
Où la faible fleur, qui décide.
Avec son arôme ténu.
Que le bonheur est revenu,
A, dans le soir humide, acide,
Perçu le cri neuf, entêté,
D’un humble oiseau ressuscité…