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LA GRÈCE, MA TERRE MATERNELLE


Lorsque le promeneur, dans la cité romaine,
Respirait dans le vent ton odorant appel,
11 songeait à Jacob, à qui Lia s’enchaine,
Et qui languissait pour Rachel !

Les siècles s’en venaient en long pèlerinage
Vers tes golfes d’argent et tes rochers vermeils,
L’étoile qui guidait vers Jésus les Rois mages,
Pour toi devenait un soleil.

Le grand battement d’aile aigu des cathédrales
Moins que ton temple étroit semblait l’hôte des cieux.
Et le monde attentif écoutait tes cigales
Chanter sur tes coteaux pierreux !

Les Francs se souvenaient d’avoir, à tes fontaines,
Bu l’onde où le pied d’or de Pallas se mêlait,
Et goûté ton miel brun, au temps où l’on parlait
Français dans le duché d’Athènes !

Le vieux Gœthe, ombragé par les soirs de Weimar,
Dans son grave logis orné d’antiques plâtres,
Laissant l’éternité envahir son regard
Rêvait à ta blancheur bleuâtre !