« Noir comme le Nubien qui servait Cléopâtre,
« Je serai ton esclave, et sur tes yeux scellés,
« Tandis qu’un peu de feu crépite encor dans l’âtre,
« J’épierai ton esprit inerte et consolé.
« Même les sûrs amants qui t’ont donné leur âme
« Et dont le chaud élan sur ton cœur s’imprimait,
« Ont été moins que moi l’ami que tu réclames,
« N’ont pas tant contenté ton cœur qui les aimait ;
« Plus que la passion ou que la paix rêveuse,
« Je donne le bonheur, moi le plus vieux des dieux,
« Mon autel sans éclat, toujours silencieux,
« Est sombre, ou bien fleuri d’une pâle veilleuse !
« Mais dans ce circonspect et profond paradis
« J’étreins entièrement le corps qui s’abandonne,
« Et la sévère enfant que ma main étourdit
» Garde la chasteté des morts et des madones.
« Parfois la volupté, comme un climat, s’étend
« Sur ton esprit charmé qui sent qu’on le protège,
« Et tu te réjouis dans tes beaux draps de neige
« D’être imprécise et pure avec un cœur content.