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RÊVERIE, LE SOIR


Un attelage est arrêté
Dans la rue, où le soir d’été,
Avec ses longs cris d’hirondelles,
Aiguise ses légers couteaux
Sur le cœur, la chair et les os
Qui souffrent de langueur mortelle…
— Le pied du cheval ennuyé,
Que la solitude nargua,
Fait un clapotement brouillé
Dans le vide et dans la tiédeur
De la rue, où traîne une odeur
De poussière et de seringa.
— L’azur est de chaleur voilé.
C’est un de ces soirs dont le calme
Oppresse l’esprit désolé,
Immobile comme une palme.