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IL EST DES MORTS VIVANTS…


« Je t’accueillais parmi mes forces végétales
« Pour mieux te proposer l’angoisse et l’infini,
« Et pour que pénétrât dans tes brûlantes moelles
« L’odeur d’un univers qui ne peut t’être uni.

« Je te disais : Voici, qui jamais ne se donne,
« Mon provocant azur, scintillant de moiteur,
« Voici ma nuit avec ses grands soupirs d’odeur,
« Et mon ciel effrayant dont tout regard s’étonne !

« Voici mon vaste ciel, dont l’irritant éclat
« Arrache un cri d’ivresse aux cervelles humaines ;
« Voilà tout mon terrestre et céleste domaine,
« Chère âme, pille-le ! — Je te disais cela

« Afin que, ne pouvant t’emparer des étoiles,
« Ni tarir mes parfums humides et gisants,
« Tu sentisses l’ardeur triste et sentimentale
« Diriger tes soupirs vers un sein languissant.

« Je suis ce qui désire, et je suis ce qui tue.
« Mon cœur, plus que le flux et le reflux, actif,
» Ne peut s’intéresser qu'à ce qui perpétue.
« Je dédaigne en riant un front grave et pensif. »