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COMPLAINTE


L’homme s’efforce, endure, pense,
Il veut contraindre l’avenir ;
— On ne vit que pour t’obtenir,
Amour ! unique récompense.

Parfois j’évitais tes regards.
Je fuyais ; ta force latente
Me rassurait de toutes parts :
C’est une ivresse que l’attente !

J’entendais, dans les calmes soirs,
Bouillonner vers moi l’invisible ;
Qu’il est doux de ne rien avoir,
Alors que tout semble possible !

Il n’est rien pour moi de réel,
Désir ! hormis toi, dans l’espace ;
Ton haleine éternelle passe
Entre les tombeaux et le ciel ;

Sans qu’on te voie ou qu’on te nomme
C’est toi la seule activité,
Ô compagne unique de l’homme :
Promesse de la Volupté !