Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/400

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C’ÉTAIT LA SOLITUDE…


C’était la solitude et sa féconde ivresse ;
Le vent des ciels du soir, plein d’une ample vigueur,
De la nue à la terre élançait ses caresses :
Je recevais avec une avide allégresse
Cet univers dissous qui pénétrait mon cœur !

Et l’espace, et l’espoir, et l’éternité même
Devenaient familiers à mon docile esprit ;
Les astres décelaient d’ineffables problèmes
À cette âme attentive où rien n’est circonscrit.

— Alors, me surprenant, — ô toi qui seul existes, —
Amour, iniquité sublime, tu survins,
Ô chasseur turbulent, voleur jaloux et triste,
Fier de ton indigence et du désir divin.