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LA PATRIE



Et le printemps revient ! L’éternelle saison
S’est frayé humblement, fortement, un passage
À travers le livide et souterrain carnage ;
Tant de morts engloutis, — obstruante cloison, —
N’ont pas gêné les pas secrets du paysage,
Qui monte, grêle et vert, sur le pâle horizon ;
L’espace est simple et sage.

Accablés, nous voyons ces cieux des soirs plus longs,
Ces jeunes cieux promis aux tendresses humaines !
Quoi ! Si proche des bois, des sources, des vallons
Où des adolescents stoïques se surmènent,
L’éther, qui pénétrait leur cœur, a déserté
Ces compagnons hardis pour accueillir l’été,
Que le fleuve des jours indolemment amène !