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ENTRE LES TOMBEAUX ET LES ASTRES



Il faut parler aux morts, ils n’ont pas eu le temps,
Ces radieux garçons abattus à vingt ans,
De boire à la suave, à la cruelle vie.
Il faut parler auprès de leurs profonds berceaux :
Peut-être les tombeaux ne sont pas sans envie.
Dans l’éternel loisir des forêts et des eaux
Leur jeunesse sans fin attend, inassouvie.
Ces héros enfantins en qui l’homme naissait
Soupirent dans l’espace un dolent « Je ne sais… »

« Je ne sais, — disent-ils, — quels sont ces bruits qui tonnent
La terre est-elle encore en proie au mal guerrier ?
Ici tout est paisible, et dans les bois bourgeonne
Le tiède hiver de Février !