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L’AIR BRÛLE, LA CHAUDE MAGIE…


Que tu es heureuse, cigale, quand, du sommet des arbres, abreuvée d’une goutte de rosée, tu dors comme une reine.

Anacréon.

L’air brûle, la chaude magie
De l’Orient pèse sur nous,
Nous périssons de nostalgie
Dans l’éther trop riche et trop doux.

On entrevoit un jardin vide
Que la paix du soir inclina,
Et là-bas, la mosquée aride
Couleur de sable et de grenat.

La dure splendeur étrangère
Nous étourdit et nous déçoit :
Je me sens triste et mensongère :
On n’est pas bon loin de chez soi.