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LA PRIÈRE


Comment vous aborder, redoutable prière ?
Ce qu’il faudrait, mon Dieu, c’est ne rien demander
Qui n’ait votre impalpable et pensive lumière,
Et qui ne nous combatte au lieu de nous aider.

Qu’est-ce qui prie en moi, qu’est-ce qui vous implore,
N’est-ce pas ce désir qui ne s’est jamais tu,
Et qui, ayant lassé tous les échos sonores,
Vient à vous, plus secret, plus vaste et plus têtu ?

J’ai peur qu’on vous offense au fond des calmes sphères
Par le besoin que l’homme a d’être contenté,
Par cette pesanteur vers ce que l’on préfère,
Par l’exaltation de toute faculté !