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MON DIEU, JE NE SAIS RIEN…


Mon Dieu, je ne sais rien, mais je sais que je souffre
Au delà de l’appui et du secours humain,
Et, puisque tous les ponts sont rompus sur le gouffre,
Je vous nommerai Dieu, et je vous tends la main.

Mon esprit est sans foi, je ne puis vous connaître,
Mais mon courage est vif et mon corps fatigué,
Un grand désir suffit à vous faire renaître,
Je vous possède enfin puisque vous me manquez !

Les lumineux climats d’où sont venus mes pères
Ne me préparaient pas à m’approcher de vous,
Mais on est votre enfant dès que l’on désespère
Et quand l’intelligence à plier se résout.