Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


L’ESPACE NOCTURNE


« Zeus lui-même considérait la nuit avec une crainte respectueuse. »


Qui pourrait déchiffrer la nuit silencieuse ?
Les Nombres sont en elle éclatants et secrets,
Comme un jour plus subtil, sa blanchâtre veilleuse
Dispense la clarté jusqu’aux sombres forêts…

Sa douceur monotone et sa couleur unique
Font une lueur vaste, absolue et sans bords.
Comme un haut monument éternel et mystique,
Elle semble arrêtée entre l’air et la mort.

— Que j’aime votre exacte, uniforme lumière,
Sans saillie et sans heurts, sans flèche et sans élan,
Où les noirs peupliers, recueillis, indolents,
Semblent, dans l’éther blanc, de visibles prières !