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O DIEU MYSTÉRIEUX…


Et vous vous détournez de son sublime orgueil :
Qu’il souffre, qu’il s’obstine ou défaille, qu’importe ?
Son passage ne fait pas d’ombre sur votre œil
Qu’enchantent des jets d’eau sous les arceaux des portes.

Vous dites : « Que me veut ce lutteur irrité,
Qui, par moi introduit dans la royale arène
Pour servir de spectacle à mon oisiveté,
Pense pouvoir fléchir ma langueur souveraine ?

Que les chaleurs, les eaux, les tigres des forêts
Le détruisent, qu’il aille en ces métamorphoses
Où toujours ma puissance invincible apparaît ;
Je ne distingue pas l’homme d’avec les choses… »



— Que vos jardins sont beaux, que vos vergers sont clairs,
Seigneur ! Père des flots, des saisons, des contrées ;
Des cymbales d’argent semblent frapper les airs,
Et soulèvent aux cieux des trombes azurées !

Non, nous n’avions pas droit à vos soins vigilants,
Notre grandeur n’est pas le fruit d’or de votre œuvre ;
Vous nous aviez créés d’un cœur indifférent,
Comme le rossignol et la verte couleuvre.