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tel l’arbre de corail…


L’eau s’arrache du gel, le lait emplit la cruche,
Les abeilles, ainsi que des fuseaux pansus,
Vont composer le miel au liquide tissu,
Blond soleil familier de l’écorce et des ruches !

C’est cet allègre éveil que tes yeux ont perçu :
Oiseau plein de grelots, ô hochet des Ménades,
Héros bardé d’azur, calice rugissant,
Je t’entends divaguer ! Tes montantes roulades
Ont l’invincible élan des jets d’eau bondissants.

Matelot enivré dans la vergue des arbres,
Tu mens en désignant de tes cris éblouis
Des terres de délice et des golfes de marbre,
Et tout ce que l’espoir a de plus inouï ;

Mais c’est par ce sublime et candide mensonge,
Par ce goût de vanter ce qu’on ne peut saisir,
Que l’esclavage humain peut tirer sur sa longe,
Et que parfois nos jours ressemblent au désir !