Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


QU’AI-JE À FAIRE DE VOUS…


Qu’ai-je à faire de vous qui êtes éphémère,
Trop douce matinée, éther bleuâtre et chaud,
Ô jubilation insensée et légère
D’un moment que le temps engloutira si tôt ?

Je vois que le lac tiède est comme une corbeille,
Immobile et rêvant, et si chargé d’azur
Qu’il cherche à déverser son poids luisant et pur,
Et que le vert feuillage a des bouquets d’abeilles !

Je vois de blancs oiseaux, comme des nénuphars
Se poser sur les flots que l’air croise et décroise,
Et les parfums monter, tranchants comme des dards,
Dans l’azur frais, couleur de gel et de turquoise !