Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/97

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JE NE PUIS PAS COMPRENDRE…


Je ne puis pas comprendre encor que tu sois né,
Tous les jours je contemple, avec les sens de l’âme,
Dans l’infini des mois, cet instant fortuné
Où ta vie à la vie a rattaché sa flamme !

Mon cœur est plus brûlant que l’air sous l’Équateur ;
Je quitte un froid désert où j’errai dans les sables ;
Je ne sais pas comment ce passé lamentable
Est devenu lumière, est devenu chaleur !

L’huile d’or du soleil sur les mers levantines,
Les astres fourmillant dans les grottes des cieux,
La fougue des vaisseaux sur les vagues marines
Sont réfléchis pour moi dans chacun de tes yeux.