Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/16

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murmure l’une. « Il faut que j’aille deux fois par semaine chez M. Léon », avoue l’autre. Et voici que les poétiques adultères de Mme Bovary enveloppent de leur charme provincial, fané, mais audacieux et immortel, ces femmes collégiens qui n’avaient encore prononcé familièrement que le prénom de leur époux !

En coupant leurs cheveux, en contemplant dans le miroir du destructeur, les plis, les courtes ondes que les ciseaux, le peigne, le fer à friser venaient de conférer à leur coiffure, les femmes avaient-elles cru arrêter la vie obstinée de cette moisson tiède et lente qui entretient à la surface de leur esprit un délicat et continuel printemps ?

Pour quelques visages parfaitement auréolés par les cheveux brefs, abondants, mousseux, indisciplinés, combien d’autres recevaient leur faveur, leur ombrage nécessaire, leur plaisante atmosphère de la coiffure protectrice et tutélaire ?

Une secrète harmonie régit l’ensemble de la beauté. Le miracle délicieux du sou-