Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/154

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La douleur, c’est le point de rage
Où le sort le plus redouté
Vient défier notre courage ;
La douleur, c’est la volonté,

La volonté des cœurs sans bornes,
Bondissants comme des taureaux,
Qui, le front dur, le regard morne,
L’épée ancrée entre les cornes,
Sont étonnés de souffrir trop !

— Ô volonté simple et féroce,
Que tout méprise et veut dompter,
Toi qui connais la gloire atroce
De ne pouvoir pas accepter,

C’est toi l’horreur et la noblesse
Du désir qui, triste, assagi,
Ne saigne plus quand tout le blesse,
Et qui se tait quand il rugit !