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CHAPITRE PREMIER


Paris. — L’hôtel de l’avenue Hoche. — Décor citadin. — Nostalgie de la nature. — Mon père. — Autour de la table d’Amphion. — Ma mère. — De la splendeur orientale au brouillard britannique. — Première leçon d’anglais. — La gouvernante et le prestidigitateur. — Douleur d’enfant.




Je suis née à Paris. Ces quelques mots m’ont, dès l’enfance, conféré un si solide contentement, ils m’ont à tel point construite, j’ai puisé en eux la notion d’une chance si particulière et qui présiderait à toute ma vie, que je pourrais répéter ce vers de Verlaine :

L’amour de la patrie est le premier amour…

Ainsi illustrerais-je une de mes vérités, car on sent bien que le poète a pour privilège d’être multiple, de pouvoir prouver sa sincère abondance, de n’être enfermé en rien. Chez lui, le double choix n’est pas contradiction, mais prolongement du raisonnement et croissance de la sagesse. Les sen-