ténor Van Dyck, ange énorme, tout éclatant du génie de Wagner. Vivre et mourir, revivre davantage, mourir sur l’altitude, tel fut le vœu de mon enfance. « Les Grecs utilisent la mort », lit-on dans un des Cahiers de Barrès. Combien est juste pour moi cette affirmation ! Toutes les forces subconscientes, loyales et rusées de mon être se sont appliquées à construire une vie qui, par ses réalisations, son obédience à je ne sais quoi de céleste, permît la mort auguste, fût-elle obscure et sans témoins.
Dans mes très jeunes ans, pendant nos jeux sur une prairie au bord du lac, je me souviens d’avoir raconté à mon frère et à ma sœur ce que serait mon destin. Prophétie mélancolique, où j’eus, par visions éblouissantes ou orageuses, la divination du plus beau et du pire. Image redoutable, dont j’acceptai tout ; certitude de constance, de hardiesse, d’usure fructueuse, qui se mêlait à ma douceur d’humble enfant, mais qui me faisait regarder avec stupeur la gouvernante brutale qui me réprimandait. « Se peut-il, songeais-je tristement, qu’elle offense en moi ce qu’il faudra bien que je devienne et que je sois ? » Quelle différence y avait-il entre la petite fille sage et distraitement grondée et la future adolescente qui, par inclination et assiduité, voulut tout posséder et tout donner ? Aucune. Les gouvernantes, un jour, disparurent ; le sort prit leur place. Il maltraita autant qu’il