Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/102

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aux élus du Seigneur, sans ennui, sans regrets, sans crainte, sans autre émotion, car les cœurs sensibles ne peuvent s’en passer tout à fait, que celle de la piété envers Dieu et de la charité envers les hommes. Elle vécut un siècle sans avoir paru vieillir, parce qu’il n’y a que les mauvaises passions de l’âme qui vieillissent le corps. La vie des bons est une jeunesse perpétuelle.

Béatrix mourut cependant, ou plutôt elle s’endormit avec calme dans ce sommeil passager du tombeau qui sépare le temps de l’éternité. L’Église honora sa mémoire d’un souvenir glorieux. Elle la plaça au rang des saints.

Bzovius, qui a examiné cette histoire avec le grave esprit de critique dont les auteurs canoniques offrent tant d’exemples, est bien convaincu qu’elle a mérité cet honneur par sa tendre fidélité à la sainte Vierge, car c’est, dit-il, le pur amour qui fait les saints ; et je le déclare, avec peu d’autorité, j’en conviens, mais dans la sincérité de mon esprit et de mon cœur : Tant que l’école de Luther et de Voltaire ne m’aura pas offert un récit plus touchant que le sien, je m’en tiendrai à l’opinion de Bzovius.