Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/340

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la mère de Baptiste. Revenons, je vous en prie, à ce que vous pourriez désirer de nous. Il n’y a rien ici qui ne soit à votre service.

— Rien, rien, lui répondis-je avec attendrissement. Je n’avois à vous demander que le chemin de la forêt qui conduit chez M. Dubourg et qui en ramène, car il faut absolument que je rentre ce soir.

— Vous êtes aussi bien tombé que possible pour vous en instruire, monsieur ; nous y touchons, mais il n’est pas fort aisé. Baptiste va vous conduire. Il ne vit pas un jour sans aller à la Bée de l’Ain, jusqu’à un certain endroit que je lui ai défendu de passer, et voici justement l’heure où il se met en chasse. Je vous prie seulement de vouloir bien ne pas lui parler de cette maison, parce qu’il me semble que le souvenir de son ancien séjour chez son bienfaiteur n’est pas bon à la raison de mon enfant.

— Quel témoignage de ma reconnoissance pourrois-je vous offrir pour ce service ?

— Oh ! pour ce qui est de cela, répliqua-t-elle en sursaut, vous ne sauriez en parler sans me mortifier. Nous n’avons besoin de rien, et nous sommes au contraire en état de faire quelque chose pour des voyageurs peu favorisés de la fortune, qui se présentent rarement dans ces chemins écartés. Bien plus, — mais c’est une condition nécessaire, — l’unique grâce que j’attends de vous, c’est de n’avoir aucun égard aux sollicitations de ce genre que Baptiste oseroit vous adresser, parce que leur objet accoutumé m’inquiète. Me le promettez-vous ?

Je n’hésitai pas. — Au même instant, elle frappa deux fois des mains, et tous les petits oiseaux que j’avois vus un moment auparavant s’empressèrent à la porte avec des gazouillements confus.

— Eh ! ce n’est pas encore vous, continua-t-elle, impatients que vous êtes ! vos grains ne sont pas triés et vos mangeoires ne sont pas nettes.

Ensuite elle frappa un troisième coup.