Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/9

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une lecture intéressante des sentiments honnêtes, et de se sentir attiré vers l’écrivain par son cœur autant que par son esprit. Ces sentiments, cette chaleur du cœur sont partout dans Nodier avec le bon sens et la simplicité. Il est irréprochable dans sa pensée comme dans son style, et il le sentoit si bien lui-même, qu’il nous a donné dans cette phrase l’épigraphe de ce volume : « Permettez aux petits de venir, car il n’y a pas de danger pour eux à écouter mes récits, et vous me connaissez assez pour me croire. »

Dans ses contes, ainsi qu’aux soirées de l’Arsenal, Nodier parcourt le temps, l’histoire et la nature, et passe sans effort du récit le plus simple aux fictions les plus élevées. Le volume, qui s’ouvre par un feuilleton charmant, se termine par un apologue où la poésie et la philosophie s’élèvent en se confondant à une égale hauteur. Le sentiment de la réalité, qui se mêle partout aux inventions des récits, leur donne une saveur nouvelle, et l’auteur atteint sans effort un but difficile ; il amuse, il intéresse, et souvent il fait penser. Nous n’insisterons pas, car cette œuvre se recommande assez d’elle-même, et, en présentant les Contes de la Veillée aux personnes qu’attire le charme des douces lectures, nous ne pouvons mieux faire que de répéter ces paroles de Nodier : « Vous craignez l’ennui des spectacles, vous craignez surtout l’ennui des salons ; c’est le cas de faire chez vous un grand feu, bien clair, bien vif et bien pétillant ; de baisser les lampes devenues presque inutiles ; d’ordonner à votre domestique, si par hasard vous en avez un, de ne rentrer qu’au bruit de la sonnette, et ces dispositions prises, je vous engage à raconter ou à écouter des histoires au milieu de votre famille et de vos amis. »

Lecteurs, faites un feu bien vif, et prêtez l’oreille, Nodier va conter.