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teur, qui ne manquoit pas d’un certain esprit de critique, mais qui étoit possédé du démon, et non pas du génie de la poésie, se soit cru obligé à délayer ses saillies grammaticales en vers plats qui ne sont pas toujours françois. Sa prose est souvent correcte et sensée, mais sa versification est détestable.

Cette atteinte au Dictionnaire parut assez grave toutefois pour attirer une réponse de Mallemans, ou Mallement de Messange, qui se porta fondé de pouvoir de l’Académie, on ne sait sur quelle autorité, mais ce n’est pas sur celle du bon goût et de la grammaire. Elle fut publiée la même année, et Chastein, ou le prêtre de Pierre-Encise, ne fit pas attendre long-temps sa réplique. Celle-ci parut en 1697, in-12, sous le titre d’Enterrement du Dictionnaire de l’Académie. M. Tabaraud qui en fait honneur à Furetière dans la Biographie universelle, n’auroit pas commis cette étrange erreur s’il avoit pris la peine de lire l’article Furetière du même ouvrage, imprimé quatre ans auparavant, et où M. Auger fixe la mort de Furetière au 14 mai 1688 ; car on conviendra qu’il est tout à fait impossible, à quelque point que se porte la colère des érudits et des poètes, genus irritabile vatum, qu’un homme mort en 1688 ait répondu en 1697 à un libelle daté de 1696. L’Enterrement est d’ailleurs, aux vers près, dont l’auteur s’est sagement montré plus économe, du même style que l’Apothéose, et l’anonyme a été assez fier de cette solidarité pour la constater dès la cinquième ligne de son nouvel écrit : « Lorsque je travaillois à la critique du Dictionnaire de l’Académie sous le titre d’Apothéose, etc. » Il y avoit là de quoi épargner des doutes aux Saumaises futurs, et à M. Tabaraud.

La première moitié du livre est employée à réfuter les objections de Mallemens, qui ne méritoient guère d’être réfutées ; la seconde contient deux cent quinze