Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/221

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qui cite le conteur Polydore Virgile comme une autorité, que les Lydiens inventèrent les cartes pendant une extrême disette, et que ce jeu la leur fit presque oublier. Il est possible que les Lydiens aient connu un jeu qui se jouait avec des tableaux figurés (tabulœ sigillatœ), à l’instar du jeu de l’oie des Athéniens, mais à coup sûr ce n’étaient pas les cartes du jeu de piquet. — Cependant les cartes vinrent de l’Orient avec les échecs ; cette origine semble incontestable, sans adopter toutefois les rêveries de Court de Gébelin, qui fait honneur aux Égyptiens de l’invention des cartes, et qui les explique à la manière des hiéroglyphes : il existe entre les cartes et les échecs certains rapports qu’on ne saurait attribuer au hasard. — On a même des raisons de croire que primitivement les cartes offraient une représentation exacte des échecs ; pour laisser quelque chose à décider au sort, et pour mieux égaliser les chances, les fous, les chevaliers et les tours ou rocs se retrouvaient sans doute dans les premières cartes, dont le jeu n’était qu’un jeu d’échecs double ; peut-être le jouait-on à quatre, chaque adversaire ayant sa couleur, et, pour ainsi dire, son armée à faire manœuvrer. — Ces analogies des cartes avec les échecs sont presque prouvées par l’inspection des vieux tarots du XVe siècle, dans lesquels il y a le fou et la tour, dite maison de Dieu. — Quant au sens allégorique, il est à peu près identique dans les deux jeux, qui sont une image de la guerre : il y a encore dans les tarots