Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/227

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ne nommerai pourtant pas ce gentilhomme Nicolao Pépin, en dépit de l’étymologie de naïpes, forgée par l’abbé Rive. — Il y a lieu de croire que ce jeu tout français fut d’abord imité par les Allemands, qui se l’approprièrent avec de légères modifications : les noms des figures furent supprimés, et les quatre valets ne paraissant pas suffisans, on en ajouta quatre autres, soit comme chevaliers, soit comme pages ; on remplaça le carreau par le lapin, le cœur par le perroquet ou papegeai, le pique par l’œillet : le trèfle seul ne subit aucune métamorphose. Ces cartes étaient rondes et gravées au burin. — Plus tard, en Allemagne, on imposa aux cartes un nouveau changement, en y introduisant le grelot et le gland ou vert : le gland exprimait l’agriculture, le grelot la folie, le cœur l’amour, et le trèfle la science. Ces cartes-là étaient plus larges que longues et ornées de sujets relatifs à chacune des quatre divisions : elles eurent cours à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe siècle. — La gravure en taille de bois n’ayant été découverte qu’en 1423, les cartes auparavant étaient enluminées de même que les manuscrits et coûtaient fort cher, puisqu’en 1430, Visconti, duc de Milan, paya 1,500 pièces d’or à un peintre français pour un seul jeu ; mais aussitôt que la gravure permit de reproduire à l’infini une empreinte grossière, qui à quelques années de là créa l’imprimerie, par les soins ingénieux de Laurent Coster, les graveurs d’Allemagne répandirent dans toute l’Europe leurs