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DU LANGAGE FACTICE
APPELÉ
MACARONIQUE.
[PAR M. CH. NODIER.]


Si j’avois voulu faire entrer dans mes Notions élémentaires de Linguistique toutes les questions curieuses qui se rattachent à cette matière, au lieu de me renfermer dans un cadre étroit et spécial, où j’ai eu l’intention de n’admettre que des renseignements essentiels, il m’auroit été facile de les grossir de vingt chapitres d’un intérêt moins solide, mais peut-être plus général et plus piquant. J’aurois eu à traiter par exemple tout ce qui concerne les alphabets artificiels ou les chiffres, les alphabets figurés ou les rébus, la sténographie ou écriture abrégée, la cryptographie ou écriture secrète, et les moyens très ingénieux et très simples d’en pénétrer le mystère ; les langues factices, enfin, dont les savants et les poètes ne se sont pas avisés moins habilement que les conspirateurs, les gueux et les filoux, quand ils ont daigné en prendre la peine. Je m’arrêterai aujourd’hui un moment sur la langue macaronique, parce qu’il en est question assez souvent dans les livres d’histoire littéraire et de bibliographie, pour qu’on ne soit pas fâché de s’en former une idée claire, et c’est une de ces choses qu’on demanderoit inutilement aux lexicographes et aux grammairiens qui n’ont eu garde de s’en occuper, parce qu’ils n’y ont vu qu’un jargon de fantaisie sans règles et sans objet. On reconnoîtra toutefois que le système de sa composition n’est pas d’une médiocre importance pour expliquer la manière dont les langues secondaires se sont formées, puisqu’elle a procédé, selon moi, par une méthode fort analogue, ou pour mieux dire par la même méthode